Le roi des Aulnes

Qui chevauche si tard, par la nuit et le vent ?
C'est un père et son jeune enfant.
Le père étreint l'enfant contre lui,
L'enfant au chaud se tient blotti.

Mon fils, pourquoi te cacher plein d'effroi ?
Mon père, vois le pâle Roi,
Le Roi des Aulnes, couronne au front.
Mon fils, c'est là nuages au vent.

Ô cher enfant, viens près de moi!
Jouons tous deux, jouons à de beaux jeux;
Maintes fleurs diaprées croissent sur la rive !
Ma mère a maint vêtement d'or.

Mon père, mon père, n'entends-tu donc pas,
Ce que le Roi me murmure tout bas ?
Sois calme, reste en paix mon enfant,
Dans le feuillage siffle le vent.

Veux-tu, bel enfant, venir à moi ?
Tu verras mes filles t'ouvrir leurs bras;
Ce sont elles qui mènent les rondes la nuit,
Qui dansent et chantent autour de ton lit,
Berçant le sommeil de l'enfant endormi.

Mon père, ne vois-tu donc pas,
Les filles sont à l'orée du bois ?

Mon fils, mon fils, je vois bien,
Ce sont les grands Saules gris du chemin.

Je t'aime, ton doux visage me plaît,
Tu dois donc me suivre, je suis le plus fort.

Mon père, mon père, son bras me saisit!
Ah! Il me serre et sa main me meurtrit!

Le père tremble, il presse son cheval,
Serrant contre lui l'enfant terrifié.
Brisé, il touche enfin au port;
Entre ses bras, son enfant est mort.

Johann Wolfgang von Goethe
Mis en musique par Frantz Schubert (1797-1828)

Divertissements


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