Frêne
Étymologie : du grec phraxis, "haie", ou du latin
fraxinus, "foudre", car isolé, il attire la foudre.
Origine : sont européens le Frêne élevé
ou Frêne commun (le plus répandu), Fraxinus excelsior,
le Frêne à feuilles étroites ou Frêne oxyphylle,
Fraxinus angustifolia (bords de Méditerranée) et le Frêne
à fleurs ou Orne, Fraxinus ornus (Corse, Italie).
Le frêne est un des arbres les plus récents sur terre. Le Frêne
monophylle, Fraxinus excelsior Diversifolia, est
un cultivar.
Autres Espèces : Frêne chauve d'Asie,
Frêne blanc, Fraxinus americana, et Frêne
rouge, Fraxinus pennsylvanica, tous deux d'Amérique.
Habitat : le frêne apprécie les zones ensoleillées,
en bord de rivières, ou en forêts mixtes. Le frêne couvre 2,6%
de la forêt française (voir le graphique
de répartition de la forêt française).
Rusticité : zone
7 (il supporte le froid jusqu'à -17°).
Taille maximale : 40 m. Sa croissance est rapide. Son tronc
atteint 1 m de diamètre.
Port (arbre isolé) : ovoïde. Il présente des branches ascendantes,
une cime irrégulière et un feuillage peu dense. Planté serré,
le frêne croît en hauteur, avec un tronc rectiligne.
Écorce lisse, gris pâle, et se fissurant au bout de 30
ans. Elle présente alors un réseau de crevasses.
Bois : le bois de frêne est blanc, à reflets nacrés, un
peu rosés. Il s'assombrit, une fois coupé. Son utilisation est
décrite plus bas.
Feuillage caduc. Les feuilles de frêne naissent de bourgeons
noirs caractéristiques (on les voit bien en hiver). Les feuilles
sont opposées
(les feuilles de Robinier ou de Sophora, qui leur ressemblent
un peu, sont alternes) et décussées.
Elles se composent de 5 à 15 folioles lancéolées, sessiles (sans
pétioles), à sommet et base pointus et à bord finement dentelé.
Suivant les espèces, les folioles sont fines et allongées ou au
contraire larges. Elles sont vert foncé et glabres sur le dessus,
plus pâles et à nervures un peu velues sur le dessous. Le Frêne
monophylle (fraxinus diversifolia) a une feuille composée
de une à trois grandes folioles (10 cm) qu'on pourrait prendre,
chacune, pour une feuille simple.
Fleurs : Le Frêne commun fleurit au bout de 30-40 ans.
Les fleurs sont petites, jaune verdâtre, groupées en panicules
d'abord dressées puis pendantes qui apparaissent avant les feuilles
de façon à favoriser la pollinisation par le vent. Les fleurs
sont hermaphrodites. La floraison a lieu de mars à mai
suivant la région.
Le frêne à fleurs se distingue par des belles fleurs blanches,
en plumeau odorant, en mai. Chaque fleur a 4 longs pétales.
Risque de pollen allergisant
du Fraxinus excelsior : moyen.
Fruit : samare plate, de 5 cm, pétiolée, groupée en touffes
de 10-20. Elles restent sur l'arbre en hiver, ce qui aide à le
reconnaître.
Maladie : La chalarose du frêne est un champignon qui attaque les feuilles (nécrosées) et la base du tronc (le collet). Pour en savoir plus, lire cet article de l'INRA.
Littérature : un superbe poème
de Vauquelin de La Fresnaye (1535?-1606).
Le frêne est décrit dans l'Encyclopédie
ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers
(rédigée entre 1751 et 1772 sous la direction de Diderot).
Légendes et traditions : Dans la mythologie
grecque, le Frêne est l'arbre de Poséidon, qui est notamment le
dieu des séismes.
Dans l'Iliade d'Homère, le javelot d'Achille
était en frêne.
Pour les Germains et les Scandinaves, c'est l'arbre
fondateur, Yggdrasil. Il supporte la voûte céleste et prend racine
dans la Sagesse. Les Slaves attribuent au Frêne le pouvoir de
repousser les serpents : on peut se reposer à son ombre sans crainte.
Le "suc" de frêne servait à guérir des morsures de serpent.
On attribuait au frêne d'autres vertus : d'aider les impuissants. « qui ne peut doit parler au frêne », « le frêne est la providence des impuissants ».
Dans l'astrologie celtique, le frêne
est vif, impulsif, exigeant, ...
Utilisations :
- médicinales : plante anti-rhumatismale, diurétique, analgésique, tonique, fébrifuge, astringente (feuille, écorce, fruit). De l'écorce, on extrayait le "quinquina
d'Europe", qui est fébrifuge. L'étude et l’analyse chimique des différents organes du frêne ont montré la présence d'un flavonoïde : le rutoside, aux propriétés anti-inflammatoires. Le mannitol et les sels de potassium présents dans les feuilles sont responsables de l'activité diurétique qui stimule les fonctions d’élimination de l'organisme. Le mannitol est aussi utilisé comme protecteur tissulaire des articulations. Il permet ainsi de freiner leur vieillissement
- tannerie et teinturerie : conservation des peaux, tons verts pour la laine (écorce des jeunes rameaux)
- alimentation animale : fourrage pour le bétail (feuilles, tout comme
avec les feuilles d'orme).
- alimentation humaine : fruits verts confits en guise de câpres ou de cornichons et boisson. La fleur fraîche de l'orne,
additionnée de levure, produisait, après fermentation, une boisson
rafraîchissante et antirhumatismale, la frênette (voir ci-dessous).
- bois : bois de chauffage, menuiserie et ébénisterie, manches d’outils selon la qualité du bois.
Le bois de frêne est bon au polissage et onctueux au toucher.
Il est dur, lourd (dense), tout en restant flexible et pas cassant : on en faisait,
depuis l'antiquité, les hampes des lances (on plantait des Frênes
près des châteaux-forts). Ovide, dans les Métamorphoses, le nomme
"arbre aux javelots". On a découvert des outils néolithiques
(5000 ans av JC) avec un manche de frêne. Dans la vie courante,
on en faisait des manches de bêche ou de marteau pour amortir les chocs, des barreaux d'échelle,
des gouvernails, des rames, des raquettes de sport et les anciens
skis.
Le Frêne monophylle peut être planté en alignement de rue.
Recette de la frênette
Mettre des morceaux séchés de racine de chicorée au four et les cuire une heure à basse température (100°C). Préparer ensuite une décoction en les faisant bouillir 15 mn puis filtrer.
Faire infuser pendant 2 heures les feuilles de frêne dans plusieurs litres d’eau bouillante et filtrer.
Dissoudre l’acide citrique et le sucre dans quelques litres d’eau chaude.
Mélanger les différentes préparations dans une cuve à fermentation et ajouter l’eau à une température de 22 à 28°C.
Délayer la levure dans ¼ de tasse d’eau tiède et ajouter au mélange. Couvrir la cuve d’un linge et laisser fermenter 10 à 15 jours.
Mettre la frênette en bouteille et boucher hermétiquement (à cause de la pression).
Le breuvage est prêt au bout de 2 à 3 semaines. |
Tableau des différences
Autres espèces
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