COIGNASSIER, cydonia, (Hist. nat. bot.) [Auteur: Daubenton, Daubenton, Pierre] (Page 3:609)

COIGNASSIER, s. m. cydonia, (Hist. nat. bot.) genre de plante à fleur en rose; le calice devient un fruit charnu semblable à une poire, divisé en cinq loges dans lesquelles il y a des semences oblongues & calleuses. Tournefort, inst. rei herb. Voy. Plante. (l).

Le coignassier est un petit arbre que l'on met au rang des arbres fruitiers, mais dont la plus grande utilité est de servir de sujet pour la greffe. Le tronc du coignassier qui est court, tortu, noüeux, se divise en plusieurs branches chargées de rameaux confus, qui s'inclinent & s'étendent plus qu'ils ne s'élevent. Son écorce ne devient point gersée & raboteuse avec l'âge, elle se détache successivement, & tombe par morceaux. Sa fleur assez grande & de couleur de chair, paroît à la fin d'Avril. Son fruit, fort gros dans quelques especes, est d'une belle couleur jaune lorsqu'il est mûr; mais alors, d'une odeur forte & fétide, qui jointe à ce qu'il n'est pas bon à manger crud, le rend peu recommandable, à moins qu'il n'ait pasié par les mains du confiseur. Aussi ne fait - on nul cas de cet arbre dans les jardins fruitiers: loin d'y avoir aucune place marquée, ce n'est qu'en sous - ordre qu'il s'y trouve, pour servir à l'éducation de quelques arbres qui lui sont analogues pour l'opération de la greffe. C'est sur - tout un excellent sujet pour greffer le poirier, qu'il rabaisse généralement, qu'il perfectionne dans la plûpart des especes, & auquel il fait porter promptement des fruits plus gros, plus beaux, plus précoces, plus abondans, & de meilleur goût, que quand le poirier est greffé sur des sujets de son espece. C'est la seule raison qui engage à cultiver le coignassier, que l'on peut multiplier de rejettons qui se trouvent ordinairement au pié des vieux arbres, de branche couchée, de bouture, de semence, & par le moyen de la greffe. Mais pour gagner du tems & avoir de meilleurs plants, il y a du choix à faire sur ces différentes méthodes.

La meilleure n'est pas de se servir des rejettons; outre qu'on auroit de la peine à rassembler de cette façon tout ce qu'il en faudroit pour fournir une pepiniere, c'est que ces rejettons sont mal enracinés.

La branche couchée fait un bon plan; mais comme elle occasionne un double travail qui est la transplantation, on doit lui préférer le moyen suivant qui est plus simple.

La bouture est le meilleur expédient pour avoir les sujets les plus propres à être greffés, & se les procurer plus promptement. Sur la façon de faire ces boutures & de les élever, voyez Pepiniere.

La semence produiroit des plants excellens, si ce n'étoit la voie la plus longue; aussi est - elle la moins usitée.

La greffe pourroit servir à perfectionner le fruit du coignassier; mais on prend rarement ce soin, dont les coings ne valent pas la peine: cependant il y a d'autres faits intéressans sur cette greffe. On peut greffer le coignassier sur le poirier qui donne plus de grosseur aux coings; sur l'aubepin qui se soûtient mieux dans un mauvais terrein, mais c'est aux dépens du fruit qui en est plus petit; sur le pommier où je ne l'ai vû réussir que bien rarement, & sur le cormier dont je n'ai pour garant que le témoignage de Bradley. Le coignassier peut aussi servir de sujet pour greffer le poirier, qui y réussit parfaitement, sur - tout les poires d'été & d'automne; l'azerolier, pour lui faire porter plûtôt des fruits, les avoir plus gros & plus abondans; le nefflier, pour le tenir plus bas; le pommier, pour en accélérer & augmenter le rapport, mais il y réussit difficilement; l'aubepin, sur - tout l'espece à fleur double, pour lui faire donner de plus belles fleurs; & sur le cormier, au rapport d'Evelyn, qui est le seul dont je puisse m'appuyer. L'écusson à oeil dormant est la sorte de greffe qui réussit le mieux sur le coignassier.

Cet arbre se plaît dans les lieux frais & humides; dans les côteaux, qui sont sur - tout la position qu'il aime le mieux; dans les terres douces & noirâtres, plûtôt mêlées de sable qu'argilleuses: mais il craint les terreins secs & legers, maigres & trop superficiels, où il jaunit & dépérit bientôt, à moins pourtant qu'il n'y ait deux ou trois piés de profondeur. Le coignassier souffre aisément la transplantation, n'exige d'autre taille que le retranchement des branches chiffonnes & gourmandes, & il ne lui faut qu'une culture toute ordinaire. On ne fait presqu'aucun usage de son bois, qui étant néanmoins compact, assez dur, & sans aubier, pourroit être employé à la menuiserie s'il avoit plus de volume. Son fruit, dont on fait peu de cas, a plus de beauté que de qualité. Voyez Coing.

On connoît six especes de coignassier, dont aucune n'est intéressante par aucun agrément qu'on en puisse tirer.

Le coignassier sauvage: sa seve est aussi revêche que son fruit; c'est la moindre espece à tous égards.

Le coignassier à fruit long: il donne de beaux fruits d'une forme ressemblante à celle d'une poire de bon - chrétien: c'est l'une des meilleures especes, & celle dont on fait le plus d'usage pour la greffe du poirier.

Le coignassier à fruit rond: nos anciens jardiniers l'appelloient coigner, pour le distinguer de l'espece precédente dont il differe en ce que l'arbre qui est d'abord plus petit, a les branches confuses & plus menues; l'écorce d'un gris plus blanchâtre; la feuille moins grande; le fruit rond, sujet à couler, plus petit & plus pierreux: c'est seulement sur cette espece qu'on voit réussir quelquefois la greffe du pommier.

Le coignassier à petit fruit très - âpre, le coignassier à fruit doux: ces deux especes sont rares; l'une est aussi méprisable que l'autre est à désirer, mais on ne les connoît encore que par les nomenclatures de Botanique.

Le coignassier de Portugal; c'est la plus belle espece & la plus propre à faire réussir la greffe du poirier, & à perfectionner son fruit. Cet arbre est plus grand; ses rameaux plus droits, plus forts, & moins confus; sa feuille plus grande, plus cotonneuse en - dessous, & d'un verd moins jaunâtre en - dessus; son fruit plus précoce, plus gros & plus tendre que dans toutes les autres especes de coignassiers. Ce fruit est long, menu aux deux extrémités, & le meilleur de tous à confire; mais il est fort sujet la coulure. (c)

Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, par une Société de Gens de lettres (1751-1772)
Publié sous la direction de Diderot et d'Alembert
Scanné et mis au format électronique par l'Université de Chicago

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