Le platane ou la permanence (à Louis Aragon) Tu borderas toujours notre avenue française pour
ta simple membrure et ce tronc clair, qui se départit
sèchement de la platitude des écorces,
Pour la trémulation virile de tes feuilles en haute lutte
au ciel à mains plates plus larges d'autant que tu fus tronqué,
Pour ces pompons aussi, ô de très vieille race, que tu
prépares à bout de branches pour le rapt du vent
Tels qu'ils peuvent tomber sur la route poudreuse
ou les tuiles d'une maison
.. Tranquille à ton devoir
tu ne t'en émeus point :
Tu ne peux les guider mais en émets assez pour qu'un
seul succédant vaille au fier Languedoc
A perpétuité l'ombrage du platane.
Francis Ponge ("Poésie 42", revue de la Résistante, mai 1942)
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